Comment se sentir complètement femme ?
Il y a aussi la voix des psychanalystes femmes, notamment celle de Françoise Dolto, qui revient sur certaines notions du concept de l’Œdipe : à savoir que la libido (pulsion sexuelle) est émissive pour les garçons et attractive pour les filles, que celles-ci en ont déjà conscience en étant nourrissons ; que cette déconvenue du Phallus n’est pas aussi radicale que le dit Freud : la fille apprend à s’aimer d’autant plus qu’elle est acceptée comme être sexué, que son sexe est valorisé par sa mère et reconnu par son père ; elle affirme que l’identité féminine se détermine complètement avec la résolution de l’Œdipe, à savoir que la femme, en faisant don de soi à travers l’acte d’amour avec un homme qu’elle aime (le défi pour l’homme étant de ne pas fuir devant ce désir féminin) – par l’orgasme complet qu’elle nomme utéro-annexiel –, se ré-approprie ainsi son intégrité (et l’homme aussi par la même occasion !) ; enfin, tout ceci doit être nommé, parce que pour la femme “ce qui n’est pas nommé, n’est rien”. En somme, l’accès à l’amour génital passe par le narcissisme abandonné (renoncer à s’aimer dans le miroir du regard de l’autre), qui prend tout son sens dans cet acte que Dolto qualifie de “surréaliste”.
Le Dr Danièle Flaumenbaum insiste aussi sur l’orgasme utérin, qui régénère totalement : c’est ainsi que nous sommes femmes – et non plus filles. L’utérus est le lieu de la mémoire (ancestrale, c’est-à-dire de notre lignée) et c’est par la prise de conscience que l’on peut “engrammer” de nouvelles mémoires. Et créer ainsi une nouvelle lignée.
Toujours est-il qu’il y a le vécu, qui est ce qu’il est, d’une part, et il y a l’énergie sexuelle, toujours présente en nous, d’autre part. Ce sera la suite, avec la pensée jungienne, au prochain épisode.
Pour en savoir plus : Françoise Dolto, “Sexualité féminine : la libido génitale et son destin féminin” et Dr Danièle Flumenbaum, “Femme désirée, femme désirante”
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