C’est accéder à la parole, à la pensée autonome et par conséquent à sa puissance.
Si, comme Antigone, on s’emmure dans une grotte, c’est qu’on se croit être castré et coupé de son pouvoir : on croit que la puissance est ailleurs, dans l’Autre, on est séduit par la lumière en face… L’Autre, c’est un homme, une femme, une famille, une idéologie, une religion, etc. Le pouvoir est donné à l’autre, mais c’est notre identité. Si on s’en sépare, on meure… dans un premier temps ! C’est le vide, l’inconnu. Mais ce qui est inconnu, c’est notre propre énergie sexuelle (notre puissance)… et la mort.
Ce mécanisme est une défense contre le vide, le vide en soi d’où va émerger le désir. Le désir, c’est dire “je”, devenir sujet (sinon on reste l’objet du désir de l’autre, le “bon garçon” ou la “gentille fille”).
C’est la traversée de ce vide que raconte “Œdipe sur la route”, un merveilleux livre d’Henry Bauchau. L’errance d’Œdipe, devenu aveugle, avec sa fille Antigone : comment il affronte les ténèbres qu’il porte en lui, jusqu’à atteindre la connaissance de soi… et recouvrer la vue. Avec le chant, la danse, la sculpture, le rêve et le délire comme moyens de libération. Un roman qui tient au corps.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.